AU FIL DES SEMAINES > L’HISTOIRE INSOLITE – La Bête du Gévaudan

Au printemps 1764, les loups sont nombreux en Gévaudan (l’actuel Lozère). Peu de paysans possèdent des fusils, la loi ne les y autorisant pas. Mais les bergers connaissent bien les loups et savent qu’un jet de pierres suffit à les mettre en déroute.

Cependant en juin 1764, une vachère de Langogne rentre au bourg affolée, ses habits déchirés : ‘Une bête m’a attaqué. Elle n’a pas cherché à s’en prendre au bétail, c’est moi qu’elle voulait dévorer ! Les vaches l’ont fait fuir. Ce n’est pas un loup’ !

Le 30 juin une bergère de 14 ans, Jeanne Boulet, du hameau des Hubacs, paroisse de St Etienne de Lugdarès, est retrouvée dévorée. Le 8 août, une jeune fille de Masméjean est égorgée. Le 31 août, un vacher de 15 ans de Cheylard l’Evêque subit le même sort. Le 1er septembre un autre garçon est dévoré et le 6, une femme est tuée. La peur commence à se répandre.
Etienne Lafont, syndic du diocèse ordonne des battues. Celles-ci sont organisées mais elles ont pour seul résultat de repousser la bête vers l’ouest.
Le 28 septembre, elle tue encore un enfant. Le 7 octobre, une jeune fille est retrouvée près d’Apcher, la tête tranchée.
Le 8 octobre la Bête est tirée à trois reprises mais, détail curieux, à chaque fois elle tombe et se relève pour disparaître dans les bois.
Le 15 octobre un enfant a la tête tranchée ; le 19 une jeune fille est dévorée.
Le 5 novembre les Dragons, cavaliers du Roi s’installent a Saint-Chély, leur arrivée est suivie d’une trêve de trois semaines.
Au cours des cinq mois suivants, la bête va se déplacer sans cesse, frappant et mettant des kilomètres entre elle et ses poursuivants. Ainsi le 27 novembre la Bête parcourt 40 km pour tuer deux femmes, attaquer un jeune homme et blesser un enfant ! Entre le 25 décembre 1764 et le 6 janvier 1765, on déplore huit morts et trois blessés.

La Bête du Gévaudan suscite beaucoup d’émoi à la cour : le roi Louis XV décide de donner 10 000 livres à celui qui arriverait à tuer la Bête. Duhamel le capitaine des Dragons décida donc d’organiser une battue gigantesque : le 11 février près de 40 000 personnes sont sur le pied de guerre mais sans succès.
Face à cet échec, le roi décide donc d’envoyer en Gévaudan son meilleur louvetier Martin Denneval. Le 13 mars soit 10 jours après l’arrivé de Denneval à Saint-Chély, la Bête commet quatre attaques.

Le 7 avril Gabrielle Pélissier, 17 ans est tué dans un pâturage. Comble de l’horreur… ses vêtements ont été remis en place sur son corps mutilé et éviscéré et son chapeau rouge enfoncé sur sa tête elle-même tranchée net. Quel individu a bien pu passer derrière la Bête pour mettre à la tuerie cette ultime touche macabre ?
Denneval en est certain, ce n’est pas l’oeuvre d’un loup. Le grand louvetier continue les battues mais les massacres continuent à Chaudeyrac, à Arzenc de Randon, à Montchauvet, à Paulhac…
Le 1er mai 1765, la Bête reçoit deux coups de fusils tirés par les frères de la Chaumette, réputés parmi les meilleurs chasseurs de la région. Cette fois encore, la Bête tombe, se roule par terre, se relève et s’enfuit… mais avec le coté du coup droit ensanglantée. On suit les traces de sang, sûre de la trouver morte un peu plus loin. Mais les recherches demeurent vaines et le lendemain une femme est égorgée à Venteuges.
Le 21 juin 1765, solstice d’été : c’est, dit-on, le jour ou les sorciers se rendent au sabbat. Or ce jour là, la Bête se livre à une orgie de sang, faisant trois morts et deux blessés !

Le roi Louis XV envoie alors en Gévaudan son propre Lieutenant des Chasses, Antoine de Beauterne avec huit capitaines de la Garde-Royale, six gardes-chasses et des chiens de louveterie Royale. Antoine de Beauterne arrive dans la région le 22 juin et s’installe au château de Besset entre la Besseyre-St-Mary et le mont Mouchet. On imagine alors l’immense espoir que son arrivée suscite au pays.
Fait bizarre, la bête fait la morte depuis le jour précis ou Antoine de Beauterne est arrivé en Gévaudan. Mais le 4 juillet elle se réveille et tue une femme. Le 29 juillet, la victime est un enfant et le 3 août, un autre enfant est grièvement blessé.
Le 9 août, les chasseurs débusquent la Bête et la poursuivent sur 16 km. Cependant il la perde de vue à la tombée de la nuit.

Le 11 aout, Marie-Jeanne Vallet et sa soeur sont attaquées à Paulhac. Mais au moment ou le monstre se dresse pour la dévorer Marie Jeanne lui transperce le poitrail d’un coup de baïonnette. La Bête pousse un cri de douleur, va se rouler dans la rivière et disparaît. La blessure est profonde : la baïonnette est teintée de sang sur une longueur de 7.5cm.
Le 13 août, Antoine de Beauterne écrit à l’intendant : ‘La Bête a peut-être été blessée à mort par une pucelle du Gévaudan.

Cependant à Versailles le roi s’impatiente. Il veut des résultats et vite ! Découragé, Antoine de Beauterne écrit le 16 septembre à sa femme qu’il n’y a plus rien à espérer. Mais c’est à ce moment là que les évènements vont se précipiter. Le 20 septembre, Antoine de Beauterne quitte le Besset avec ses gardes et ses chiens. Le lendemain vers midi l’envoyé du roi est de retour avec tout son monde. La nouvelle se répand comme une trainée de poudre : Antoine de Beauterne a tué la bête du Gévaudan ! Mais où l’a-t-il tuée ? Dans la forêt de l’abbaye royale de Chaze (Velay) à 22 km du Besset. La joie s’efface sur bien des visages : Pourquoi la bête serait-elle allée tout à coup de l’autre coté de l’Allier, là où on ne l’avait jamais vue ? Depuis des mois, la bête tient tête au Lieutenant des Chasses en agissant presque sous son nez et voilà qu’une expédition soudaine en terre inconnue, la lui fait rencontrer, abattre, ramener et identifier. Le tout en moins de 24 heures. Cela tient du prodige… ou de l’imposture ! Le chirurgien qui a pratiqué l’autopsie du grand loup tué aux Chaze affirme que rien dans ses entrailles ne permet d’affirmer qu’il ait mangé de la chair humaine. Antoine de Beauterne est prudent et décide de rester en Gévaudan jusqu’a ce que les crimes cessent.
Cependant le curé de Lorcières affirme que la Bête n’est pas morte et qu’elle a attaqué deux personnes sur sa paroisse. Pourtant aucun meurtre n’a été déclaré durant tout le mois de novembre de l’année 1765.
Certain d’avoir délivré le pays de la Bête, Antoine de Beauterne quitte le Gévaudan le 3 novembre. Il est accueilli à la cour en héros.

Nouveau coup de théâtre : entre le 2 et le 14 décembre, plusieurs attaques sont perpétrées autour du mont Mouchet. L’inquiétude fait place à l’horreur lorsque le 21 la petite Agnès Mourgues est retrouvée dévorée. Le 23 deux jeunes filles sont attaquées ; l’une d’entre elle est tuée.
Antoine de Beauterne a-t-il trompé le peuple ou s’agit-il d’une autre Bête ? Depuis trois semaines que les attaques ont repris, beaucoup de monde a vu la Tueuse. Et tous d’affirmer que ce n’est pas un loup mais bien la bête du Gévaudan qui ne serait pas morte.
Etienne Lafont va supplier les autorités de secourir à nouveaux le Gévaudan. En vain : Antoine de Beauterne a tué la Bête, elle est officiellement morte et empaillée. La censure va alors s’abattre sur l’affaire du Gévaudan : à partir de 1766, plus un mot sur la Bête dans la Gazette de France. Mais au printemps 1767, l’hécatombe est telle qu’il devient impossible de faire l’impasse : du 1er mars au 15 mai, on déplore pas moins de 15 morts.

Le 16 mai 1767, la petite Mary Denty 12 ans est dévorée près de La-Besseyres-St- Mary. Cette petite fille, Jean Chastel, ancien repris de justice, l’avait prise en affection ; il se précipite chez les parents et veille la défunte avec eux. Bien que Jean Chastel soit un des rares habitants qui sache lire et écrire, voici plus de 20 ans que son nom n’est plus apparu dans un registre paroissial. Cette fois les Denty lui ont demandé de signer l’acte de sépulture. C’est une marque de confiance et le vieil homme en est sincèrement ému.

Le 14 juin, un grand pèlerinage rassemble des milliers de personnes devant la chapelle notre Dame de Beaulieu. Jean Chastel assiste à l’office. Il présente au prêtre 3 balles de gros calibre : « Mon père, bénissez-les et il suffira d’une seule ! » Le prêtre bénit les balles. Vendredi 19 juin 1767, Jean Chastel, posté au lieu-dit La Sogne d’Auvers lit des Lituanies de la Vierge. Soudain il voit la Bête qui vient droit sur lui… Sans s’émouvoir il pose son livre et range ses lunettes, il épaule son fusil et appuie sur la détente. La Bête du Gévaudan s’écroule, morte. Une seule balle aura suffit.
Jean Chastel laisse alors s’échapper ces mots de victoire : « Bête, tu n’en tueras plus !' »                           Jean Chastel mis ainsi fin aux ravages de la Bête mais le mystère qui l’entoure reste entier encore de nos jours…

Petit complément : Le mythe

La bête du Gévaudan est une histoire vraie basée sur des faits réels.
Le mythe serait né au moment de l’explication des faits lorsque l’on recherche « qui » a fait toutes ces victimes. Là de très nombreuses théories existent. Parmi les plus connues :

  • un ou des loups
  • un animal venu d’ailleurs : ours – félin – hyène
  • un animal hybride : croisement entre un loup et un lion ou un loup et un ours
  • un animal dressé pour tuer et recouvert d’une cuirasse : chien de guerre
  • Antoine Chastel fils de Jean Chastel qui aurait pu revenir d’Afrique avec un animal dressé
  • un fou sadique ou un pervers sexuel
  • un loup-garou
  • un fléau de Dieu, théorie avancée par l’Evêque de l’époque
  • une intervention extra-terrestre…

    Que faut-il en penser… à vous de juger !

     

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